Tom Ouassel fait partie de l’équipe du Clermont Athlétisme Auvergne. Rigoureux et sportif dans l’âme, il raconte son histoire, ses pre…Tom Ouassel fait partie de l’équipe du Clermont Athlétisme Auvergne. Rigoureux et sportif dans l’âme, il raconte son histoire, ses premiers pas en championnat de France. Un parcours atypique et passionnant pour quelqu’un qui est arrivé très tard dans le monde de l’Athlétisme.**

Salut Tom, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Bonjour Clermont Sports ! J’ai 23 ans et je suis en étude pour devenir enseignant d’EPS. Mon investissement sportif me prend beaucoup de temps, mais le plaisir est immense ! Ça reste un loisir, certes très compétitif, mais je n’ai pas de projet professionnel dans l’athlétisme.

Tu pratiques l’athlétisme, oui, mais c’est large ! Que pratiques-tu précisément ?

C’est vrai que c’est un sport très vaste. Pour ma part je suis spécialisé dans le saut en longueur et le sprint court (100m). En fait, mes objectifs sont clairement plus ambitieux pour le saut en longueur, mais pour ça j’ai besoin d’un gros travail de vitesse, c’est pourquoi je continue de m’entraîner sérieusement sur le 100 mètres. Je suis entraîné par François Juillard pour tout ce qui relève de la préparation physique, de la technique de course et par Caroline Honoré pour le travail spécifique au saut en longueur.

Que recherchais-tu en faisant de l’athlétisme ?

J’ai longtemps foulé les terrains de football (gardien de but pour le CS Volvic de mes 5 ans à mes 17 ans). Mais j’avais besoin de découvrir autre chose, j’ai toujours aimé la confrontation, faire la course avec les copains, je me suis naturellement tourné vers l’athlétisme (à l’AL Riom, maintenant devenu le CAL Riom. Puis maintenant au CAA). J’ai combiné pendant deux ans la pratique du foot et de l’athlé, mais il a fallu faire un choix, les calendriers n’étaient pas vraiment compatibles, et je ne pouvais pas être performant sur les deux tableaux.

Venant du sport collectif, l’aspect individuel m’a d’abord fait peur, être le seul responsable de la réussite ou de l’échec, c’était impressionnant, mais aussi intriguant. Je ne peux pas dire que ma confiance en soi est l’un de mes points forts, et finalement l’athlétisme m’a donné un champ d’expression dans lequel je suis plus à l’aise.

Et aujourd’hui ?

Aujourd’hui, l’athlétisme est une bonne part de mon quotidien, pour diverses raisons.

La principale c’est l’environnement social. Quand je vais m’entraîner, outre la volonté de travailler pour progresser, ce qui me motive c’est de retrouver mon groupe d’entraînement, mes coachs, mon monde quoi. Ce que j’aime le plus dans le sport c’est le partage, et ce n’est pas parce que le sport est individuel, que mes partenaires sont aussi mes concurrents, que ce partage n’est pas présent. Bien au contraire !

Ce que je cherche aussi, c’est l’idée de progrès. Je pense qu’on est tous sensibles à ça, le fait de grandir, d’évoluer. L’avantage de l’athlétisme c’est que les progrès sont visibles, enfin quand progrès il y a, c’est à double tranchant. Mais je trouve que c’est une bonne école, on se rend compte de l’importance du travail, de la persévérance.

Ce qui me tient aussi à cœur dans cette idée de progrès, c’est que la performance est peut-être individuelle, mais elle est bien le résultat d’un travail à plusieurs : il n’y a pas de meilleur moyen de remercier son coach que d’être performant.

Comment s’est passé ton année sportive ?

Très encourageante ! J’étais en perte de vitesse ces dernières années, mais il y a enfin eu du positif sur la saison passée. J’ai participé à mes premiers championnats de France Elite en salle l’hiver dernier (saut en longueur), ce qui correspond à entrer dans le top 12 national. L’été j’ai eu plus de mal, j’ai mis longtemps à revenir en forme et je passe à seulement 6 cm de la qualification aux Élites.

Ça donne les crocs, cette année je suis encore plus sérieux, et j’ai hâte de voir les résultats !

En termes d’infrastructures, le complexe Jean-Pellez est idéal non ?

Évidemment ! C’est une chance que de s’entraîner au stadium Jean Pellez. On a des conditions idéales, on a trop tendance à l’oublier. En hiver on est au chaud, quand il pleut on est au sec, et même quand il fait trop chaud, on est au moins à l’abri du soleil.

C’est très important puisque les entraînements sont toujours maintenus, je pense à mes premières années à Riom où l’on devait déblayer les couloirs quand il neigeait, où les séances en tribunes quand la pluie était trop forte. Ici on sait que quoi qu’il arrive on peut suivre le programme prévu.

Le monde du sport est tiraillé entre deux visions des choses, une vision individuelle de l’athlétisme, et une vision collective. Pour toi c’est plus l’un ou l’autre ou bien les deux ?

Les deux, je suis très sensible aux deux aspects.

J’aime le fait d’être seul face à moi-même, ça me responsabilise, ça me permet de me mettre en projet, de prendre conscience de mes difficultés, mais aussi de mes points forts.

Mais j’aime aussi énormément le collectif, l’entraide. Sans l’ambiance positive j’aurai beaucoup plus de mal à être sérieux. Quand je vais à l’entraînement, je sais que je vais passer un bon moment, même si ça va être dur. Je lutte certes pour mes objectifs personnels, mais je ne lutte pas tout seul, et c’est vraiment étonnant comment on peut se rapprocher des gens quand on partage ces “souffrances” ensemble. J’aime aussi être présent pour mes camarades, les encourager sans cesse, les pousser à donner le meilleur. Quand quelqu’un bat son record, c’est un moment positif pour tout le monde, parce qu’on sait tout le travail que ça implique.

En quoi ton entraînement varie entre l’été et l’hiver ?

Le mien ne varie pas drastiquement, on suit à peu près le même schéma dans la préparation de la saison hivernale et estivale. La seule différence pour moi c’est que le 100m n’existe pas en salle, on fait du 60m.

Certains athlètes se servent de la saison hivernale pour préparer la saison estivale, avec mes coachs on choisit de préparer pleinement les deux saisons, car j’ai plus de chance d’être mieux classé en hiver.

Comment prépares-tu les compétitions ?

Avant le début de la saison hivernale c’est au moins quatre mois de préparation. Sans aucune compétition, quatre mois pour se forger physiquement et techniquement. La préparation physique est très importante en début de saison, le challenge est double : nous permettre d’encaisser la dose d’entraînement (on s’entraîne pour pouvoir s’entraîner d’avantage), et nous permettre d’être sur un pic de forme le jour J (parce que si t’es en forme toute la saison mais pas pour ta compétition importante t’as les boules).

Plus les échéances se rapprochent, plus le travail physique laisse la place au travail technique, sans que pour autant on ne délaisse ni la technique en début de préparation, ni le physique en fin de préparation.

Par exemple, les échéances réellement importantes de cet hiver sont début et mi-février. La première compétition est fin décembre, on commencera à peine à avoir une dominante plus technique. L’objectif est moins de battre son record à chaque compétition toute l’année que de se préparer pour être le plus compétitif à l’échéance qui nous intéresse.

Quels sont les points que tu dois peaufiner afin de passer un cap ?

Ma souplesse, c’est un axe de travail que j’ai trop délaissé, et j’en souffre maintenant parce que mon amplitude gestuelle est trop faible.

Il faut aussi que j’apprenne à sauter plus en finesse, être « moins bourri ». La clé d’un saut réussi est qu’il soit fluide, léger, facile. Mais c’est très dur car ça parait contradictoire avec l’idée de mettre la plus haute intensité, d’être le plus fort possible à l’impulsion. C’est vraiment l’association de ces deux aspects qui est essentielle. Mettre de l’engagement, je commence à savoir faire, la vitesse de course reste à travailler mais il faut surtout que j’apprenne à mieux l’utiliser.

Tes objectifs à moyen terme, c’est quoi ?

Me qualifier aux Élites en hiver comme en été, c’est pour moi l’objectif minimal, je le vivrai comme un échec de ne pas y être. Après si j’y parviens, une place de finaliste (top 8) est peut-être jouable, car sur un concours rien n’est joué d’avance.

En termes de performance, il faut dans un premier temps que je confirme les 7m32 réalisés l’an dernier, et j’aimerais me rapprocher des 7m50. Et bien sûr, continuer à prendre du plaisir !

C’est quoi ton plus beau souvenir ?

J’en ai deux. Le premier c’est mes premiers championnats de France (Championnats de France Junior), un mélange de stress et d’excitation, l’environnement m’avait vraiment impressionné, et je termine troisième de la compétition avec un peu de réussite.

Mon deuxième c’est mes premiers interclubs sous les couleurs du Clermont Athlétisme, rencontrer l’Elite Française dans le cadre d’une compétition par équipe, c’était le feu. Et puis c’est toujours une fierté de représenter le club qui te permet d’être là où tu en es.

Crédit photo : Serge Citon