Archère depuis 2008, Audrey Adiceom a commencé sa carrière à Riom avant de s’envoler au Pôle France de Nancy, puis à l’INSEP de Paris. D…Archère depuis 2008, Audrey Adiceom a commencé sa carrière à Riom avant de s’envoler au Pôle France de Nancy, puis à l’INSEP de Paris. Désormais, elle fait partie des meilleures dans sa discipline. Rencontre avec une passionnée de Tir à l’Arc, qui nous fait découvrir un peu plus ce sport encore trop méconnu sur notre territoire.

Pouvez-vous nous expliquer un peu votre parcours ?

J’ai commencé le tir à l’arc en 2008 aux Archers Riomois suite à une initiation à la Foire de Cournon. J’ai très vite accroché puisque j’avais de petites bases apprises en CM2 à l’école primaire Maurice Genest de Riom. Je m’entraînais une fois par semaine au début et d’années en années j’ai fait en sorte d’y aller plus souvent. À ce moment-là, je faisais pas mal d’activités après l’école : danse, gymnastique, musique et tir à l’arc. Afin de progresser au niveau national, j’ai fait le choix de me consacrer uniquement au tir à l’arc (cinq fois par semaine) et de me laisser un entrainement de danse par semaine. J’ai eu la chance d’avoir des d’entraîneurs passionnés qui m’ont donné le goût de ce sport et de l’envie de progresser dès le tout début. Je pense notamment à René Bordel, Aurélien Rabanet et Henry Baudry.

En septembre 2014, j’ai intégré le Pôle France Jeunes de Nancy avec Gilles Topande. Nous étions onze jeunes (de 15 à 21ans) archers à s’entraîner deux fois par jour dans un objectif de haut niveau, en alliant les études. Il y avait une très bonne ambiance, c’était super. C’est à partir de cette saison 2014 que j’ai intégré l’équipe de France junior sur des compétitions et championnats internationaux. En 2017, j’ai fait mes premières compétitions internationales seniores qui ont été plutôt bonnes pour une première chez « les grands ». Depuis août 2017, je suis au Pôle France Elite à l’INSEP à Paris. En parallèle j’ai été admise en Master MIAGE à l’Université de Paris-Dauphine. J’ai eu la possibilité d’étaler mes études pour pouvoir m’entraîner plus, c’est vraiment très pratique. Je suis aujourd’hui entraîné par Aurore Trayan.

Pourquoi faire du Tir à l’Arc ? Qu’est-ce que cette discipline vous apporte au quotidien ?

Le tir à l’arc est un sport qui associe concentration, rigueur, détermination et plaisir. Au quotidien, j’ai de la chance de pouvoir pratiquer ma passion deux fois par jour au sein de l’INSEP avec les meilleurs archers français. Je me lève tous les matins pour m’entraîner, m’améliorer sur les plans techniques, mentaux et physiques. Grâce à ce sport, je suis vraiment très épanouie actuellement et j’ai une quête qui m’anime : une médaille olympique.

Comment vous préparez-vous avant chaque compétition ? Avez-vous un certain "rituel" ?

Souvent, la semaine qui précède la compétition, j’alterne travail technique et mise en situation (confrontations avec les autres archers). Cela me permet de renforcer certains points de ma technique et de mettre en place ma « stratégie de tir » : ce à quoi je pense pour faire 10 (le maximum de points). Je n’ai pas de rituels particuliers.

Comment gérez-vous le stress ?

Depuis trois ans, j’ai une psychologue qui m’aide à préparer et analyser les compétitions, mais aussi à gérer mes émotions. Je gère le rythme cardiaque par la respiration. Mon petit fléau c’est toutes les idées négatives qui viennent pendant la compétition. J’ai quelques outils qui me permettent de me recentrer sur moi et sur mon tir comme la visualisation, le switch, le langage interne positif. Je ne les utilise pas tout le temps, car cela me demande de l’énergie utile à la performance. Mais c’est rassurant de savoir que je peux compter là-dessus. Il faut encore que je développe ces outils, car en fonction de mon état et de la compétition, ils n’ont pas la même efficacité.

C’est quoi la plus grande qualité d’un(e) archer(e) ?

Je dirais qu’il y en a deux. Comme tous les sports, il y a la passion qui te pousse à t’entrainer tous les jours, à en faire davantage pour être meilleure. La volonté pour moi est une notion aussi très importante. Un archer aura beau avoir la plus belle technique du monde, s’il ne met pas de volonté, pas de cœur sur une flèche tirée elle n’ira pas en plein milieu de la cible.

Quels sont les points dans lesquels vous devez encore progresser pour atteindre la crème de la crème ?

Comme je le disais précédemment, je dois améliorer ma gestion mentale et renforcer ou développer des outils mentaux. Cela m’aidera à avoir plus confiance en moi et d’être maitre de mon tir. Deuxièmement, je dois aussi travailler sur le plan technique. Ma technique de tir commence à être intéressante mais il me faut encore automatiser quelques points. Ceci est vraiment important pour pouvoir se libérer en compétition.

Racontez-nous ce stage en Turquie avec, à la clé, une médaille d’or en individuel et une autre en équipe ? Pensez-vous que vous avez progressé depuis la médaille de bronze acquise au Championnat du Monde de Tir à l’Arc en salle en Février dernier ?

Ce stage en Turquie était top ! Nous avons pu nous confronter toute la semaine avec l’équipe turque (une des meilleures d’Europe). J’ai eu un niveau de tir plutôt bon tout au long du stage ce qui était très encourageant. Le week-end, lors de la compétition, j’ai réussi à mettre en place tout ce que je voulais. Ça n’a pas toujours été facile mais c’est justement ça qui est intéressant : arriver à se remobiliser quand le niveau de tir est moins bon. C’est surement cela qui m’a aidé à gagner la compétition. Par équipe, nous finissons premières après deux matchs gagnés (il n’y avait pas beaucoup d’équipes). C’était une nouvelle composition et ça a très bien marché !

Oui, je pense avoir progressé depuis février dernier mais il me reste beaucoup de chemin à faire ! Mes résultats de ces dernières semaines sont encourageants, le jeu sera d’être capable de les refaire dans quelques mois sur les Coupes du Monde et sur le Championnat du Monde.

Quelles sont vos futures échéances ? A court comme à moyen terme ?

A très court terme, nous avons en janvier un stage en Espagne suivi d’une compétition, un peu comme en Turquie. Début février, il y a la première étape de sélection pour faire partie de l’équipe de France, puis en mars, la seconde. À partir d’avril les compétitions internationales commencent avec le Grand Prix de Bucarest, la Coupe du Monde 1 en Colombie, la Coupe du Monde 3 en Turquie en mai. L’objectif de l’année est en juin avec le Championnat du Monde aux Pays-Bas où sont notamment décernés les premiers quotas pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020. On enchaînera juste après avec les Jeux Européens en Biélorussie.

A moyen terme, il y a bien sûr les Jeux Olympiques de Tokyo où j’espère faire partie de l’aventure et revenir avec une jolie breloque !

Participer aux Jeux Olympiques 2024 de Paris avec une médaille à la clé, le rêve ultime ?

Après la médaille de ceux de Tokyo ce sera parfait oui ! Les Jeux Olympiques à Paris ça veut dire beaucoup de choses. Déjà, une présence assurée d’une équipe complète (trois archers) chez les filles et les garçons donc la possibilité de jouer sur trois épreuves : individuel, par équipe et mixte (une fille, un garçon). Et puis ça veut aussi dire inclure la famille, les amis dans cette aventure. Représenter son pays à domicile est quelque chose de particulier, on peut se sentir poussée par les encouragements mais décevoir plus de monde si on échoue. Il faudra prendre tout cela en considération je pense… Mais quel spectacle ça va être !

Qu’avez-vous à dire aux personnes qui ne connaissent pas suffisamment le tir à l’arc pour leur faire franchir le pas et essayer cette discipline ?

N’hésitez plus ! C’est un sport convivial. C’est un moment de partage avec ses amis mais aussi sa famille car il n’y a pas d’âge pour attaquer et avoir un bon niveau. C’est aussi un sport où les filles peuvent affronter et battre les garçons à l’entraînement ! (Il y a une catégorie féminine et une masculine en compétition). Il y a des clubs partout en France, vous pouvez trouver celui le plus proche de chez vous sur : http://www.ffta.fr

Crédit photo : World Archery.org