Alexis Cougoul, ancien espoir à l’ASM, a dû renoncer à jouer au rugby à la suite d’un choc. Retour sur le parcours d’un combattant qui a…Alexis Cougoul, ancien espoir à l’ASM, a dû renoncer à jouer au rugby à la suite d’un choc. Retour sur le parcours d’un combattant qui a tout fait pour s’épanouir à nouveau grâce au sport.

Bonjour Alexis, pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour, Alexis Cougoul, j’ai 21 ans et je suis un ancien joueur espoir de l’ASM, je jouais au poste de deuxième ligne. J’ai dû arrêter le rugby à cause d’un problème de santé. Aujourd’hui je suis en apprentissage en mécanique automobile, et je fais de la musculation.

Quelle est votre parcours et votre palmarès à l’ASM ?  

J’ai commencé le rugby à l’âge de 8 ans, à l’ASM. J’ai donc fait toute mon école de rugby à Clermont, j’ai ensuite poursuivi dans les catégories cadets, crabos et enfin espoirs pour finir. Je fais partie de la génération espoir championne de France en 2018, malheureusement je n’ai pas joué cette finale.

A quoi ressemble une journée, une semaine en espoir à l’ASM ?

Nous avons un emploi du temps très chargé en espoir, il n’y a pas vraiment de journée type. Pour résumer, le lundi était plus tranquille avec seulement une séance de musculation comme c’était le lendemain de match. Il fallait se reposer un peu, ensuite le mardi, mercredi et vendredi on pouvait avoir rendez-vous à 6h du matin selon la décision des coachs et des préparateurs pour des entrainement de lutte ou de boxe très physiques. Ensuite j’allais en cours à 12H30 nous avions rendez-vous avec les avants pour réviser les touches et les mêlées. On reprenait en début d’après-midi par une séance de musculation, à 16h nous avions des séances vidéo pour nous préparer au match et enfin à 17h entrainement de rugby !

Ensuite le samedi on se rassemblait à 10h pour de la mise en place et si nous étions en déplacement le week-end on partait le samedi après-midi pour jouer le dimanche.

Est-ce qu’il est difficile d’associer les études et le rugby à haut niveau ?

Cela dépend des facultés de chacun, pour ma part ça n’était pas évident. Il faut aller dans une formation qui puisse vous proposer des emplois du temps aménager. Il faut également que la formation plaise pour garder l’assiduité. On n’a pas toujours le temps de faire nos devoirs en sortant de l’entrainement. Après cela reste propre à chacun, tout dépend des capacités et de l’envie qu’on est prêt à mettre.

Les places sont chères pour intégrer le Top 14, comment fait-on pour tirer son épingle du jeu ?

Il faut pouvoir répondre aux critères physiques et rugbystiques, du poste auquel vous voulez prétendre. Pour ma part en 2eme ligne, je savais que si je voulais avoir une chance de monter en équipe professionnelle, il fallait que je sois grand avec une masse musculaire importante, être endurant, explosif, et avoir une bonne motricité.

Techniquement, il fallait avoir les bonnes aptitudes pour jouer ses duels, être performant sur les phases de contacts, avoir les bonnes postures en mêlée, être un joueur aérien comme par exemple les touches et les réceptions de coup d’envoi. Mentalement, il faut être courageux, croire en nous-même et avoir une grande assiduité. Il est également indispensable de connaître et de s’adapter au plan de jeu proposé.

Pour finir si le coach mise une pièce sur vous, s’il croit que vous en êtes capables, alors je crois que vous avez toutes les chances pour être un joueur professionnel.

Quelle ambiance il y a au sein du vestiaire ?

Elle est assez bonne, durant la saison. Il y a une certaine cohésion, on partage les mêmes objectifs pour la plupart des joueurs. Après je dirais que les liens ne sont pas aussi forts qu’on pourrait le croire, ça reste éphémère, quand tout s’arrête comme pour moi ça devient plus compliqué.

Vous avez arrêté le rugby maintenant, pouvez-vous nous expliquer ?

J’ai eu un accident lors d’un déplacement au Stade Français, j’ai eu un gros choc à la tête lors de la rencontre, j’ai tout de même fini la partie mais je ne me rappelle de rien mis à part avoir demandé à un ami si on avait gagné dans les vestiaires après le match. Quand on a pris le bus pour repartir je n’étais vraiment pas bien. Quand je suis arrivé à Clermont, ma seule envie aussi étonnante soit elle après un match et des heures de bus, était d’aller faire un footing alors qu’il était tard.

Je suis rentré chez moi, je n’arrivais pas à dormir, j’ai regardé des films jusqu’au lendemain. Le matin c’est ma mère qui est venu m’aider à me préparer chez moi. J’étais complètement désorienté. Pendant une semaine j’avais beaucoup de mal à m’endormir. J’allais voir tous les 2 jours le médecin du centre de formation pour faire un point sur mon évolution. Au bout d’un mois ça ne s’arrangeait pas, j’avais toujours envie de dormir, des migraines, quelques pertes de mémoire et des troubles de l’humeur. J’ai eu un rendez-vous à Gabriel Montpied pour effectuer des tests.

Par la suite, un an après l’accident lors d’un entretien avec un neurochirurgien au CHU Gabriel Montpied, ce dernier m’a dit d’arrêter le rugby définitivement pour ma santé. À la suite d’un test neurologique, effectué 30 minutes avant avec une psycho neurochirurgienne. C’était un test pour examiner mes reflexes, ma mémoire, la fatigue et ma rapidité.

J’avais déjà effectué un examen un mois après mon accident, c’est un test qui dure trois heures, tous les résultats sont mis sous formes de moyenne qui déterminent nos facultés neurologiques. Le bilan de ce test était que je réagissais comme une personne de 70 ans. J’étais vraiment à la ramasse et je le sentais. C’est très pesant comme sensation, on m’avait prescrit des antidépresseurs pour m’aider.

Le dernier test que j’ai effectué était bien mieux et plus concluant, néanmoins le personnel médical m’a très fortement recommandé d’arrêter le rugby, de ne plus prendre de risque. Et c’est le choix que j’ai donc fais pour ma santé.

Comment vivez-vous cet arrêt prématuré ?

Cela a été très difficile pour moi au début mais il ne faut pas s’arrêter à ça. La vie continue et il y a plein de belles choses à faire en dehors du rugby. Le mieux et d’accepter et de vite tourner la page pour avancer.

Et du coup vous avez pensé à une reconversion ?  

J’ai gardé cette âme de compétiteur, je fais actuellement beaucoup de musculation. J’ai acquis beaucoup de belles valeurs avec l’ASM et c’est pourquoi j’aimerais me reconvertir dans un autre sport dans le même état d’esprit que le rugby. A ce jour deux sports pourraient convenir à mes attentes, j’ai pensé au handball et au vélo de piste.

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour l’avenir ?

Je pense comme tout le monde, de la prospérité à tout point de vue.

  Crédit photo : Alexis Cougoul.