Nous vous proposons un très beau texte d’Anthony Martinez qui retrace la randonnée aquatique hors du commun, qu’a vécu Vincent Argillier, créateur de la marque Nage Libre, au Gour de Tazenat. La ligne d’eau

Il est 7h00. Je le vois disparaitre dans le gour. Il réapparait quelques 10 mètres plus loin. Il est chez lui. Son regard suit la périphérie de cette rotonde naturelle. La piscine du jour est majestueuse. Je sens son impatience. Aujourd’hui, l’eau est chaude, presque trop chaude pour lui. Les premiers mouvements de bras signifient le démarrage de la symphonie aquatique du jour. Vincent Argillier, créateur de la marque Nage Libre s’élance dans une randonnée aquatique de 3km autour du Gour Tazenat. Il part à la découverte de deux mondes reliés par une simple ligne, la ligne d’eau.

Glisser

Il nage librement. Il avance sans crainte. Ses mouvements se synchronisent très vite, tout est symbiose. Il est l’intrus ici. Il n’est pas l’étranger. Il glisse dans le premier élément sans forcer. Chaque mouvement génère une onde, puis une autre… Il glisse silencieusement sans offusquer. Un monde se réveille au-dessus. Rien n’y personne ne l’observe. En dessous, les rayons du soleil entrant dans le noir laissent entrevoir un certain voyeurisme. Ils observent. En dessous ils guettent une forme glissant à la surface. Bientôt, ils feront connaissance. Il nage dans un trou de 80 mètres. Il participe à sa manière à l’histoire du gour de Tazenat qui un jour, il y a 28 000 ans, explosa. Dans le noir, tout est clair. Le monde d’en dessous parait beaucoup plus simple qu’en dessus. Pourquoi ? Un sentiment que les solutions se trouvent dans les mondes inconnus.

Plonger

Et soudain, il plonge. Il ne revient pas. Que le temps est long ! Une colonne d’air remonte à la lumière. Une forme humaine ondulant la poursuit. Il remonte tel le mammifère qu’il est. Expiration puissante. Inspiration contenue. Il plonge. Les bras en croix, les deux mondes font connaissance. En-dessous, ils acceptent une nouvelle présence. Ephémère. Il plonge. Eloge de la lenteur. La ripisylve fait la révérence. D’énormes morceaux de bois mouillés structure l’espace subaquatique créant des refuges. Les sections les plus longues s’enfoncent dans l’obscurité puis disparaissent. Vincent ondule entre les troncs, jouent avec l’architecture du lieu. Il remonte. Il plonge. Il nage librement.

Ne pas laisser de traces

Il évolue habilement sans rien abimer. Il compose avec les éléments d’en dessous. Il danse et joue avec ce qu’il entoure. Il s’arrête. Figé dans le vide intersidéral du Gour. La tête basse, ses yeux fixent le noir absolu. C’est saisissant. Aller voir… Explorer… Résister à l’appel des profondeurs… Mais sa vie est en haut. Sans itinéraire, sans parcours, il suit son instinct sans jamais oublier ses limites. Pratiquer librement ne signifie pas se mettre en danger. Il insiste à mi-parcours sur la nécessaire sensation de bien-être et de sécurité lors de ses randonnées aquatiques. Il replonge. Nous ne sommes que des invités. Respectons ces lieux enchanteurs et ceux qui l’habitent. Et Il replonge….

Anthony Martinez.