Dans cet interview, Chloé Darnet, parfois rejoint par sa mère Christine, nous parle du centre de danse et de ce contexte difficile auquel font face le sport et la culture.Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Chloé Darnet, et je suis professeure de danse au sein de notre école avec ma mère, Christine, qui est installée depuis près de 40 ans. En ce qui me concerne, je suis dans ma septième année.
Combien avez-vous d’adhérents dans l’école aujourd’hui ? Et quels styles de danse enseignez-vous ?
Nous avons à peu près 500 adhérents, tous styles confondus. Nous proposons du classique, du jazz, du contemporain, du hip-hop, du pilates, de la barre à terre…
Nous entendons régulièrement que la danse n’est pas un sport. Qu’est-ce que vous souhaitez répondre à cela ?
Et bien venez essayer, vous verrez si ce n’est pas physique (rires). Après, il est vrai que c’est une discipline où il y a une grande part d’artistique mais c’est aussi très physique donc pour moi c’est à la fois un art et un sport.
Comment gérez-vous les restrictions liées au contexte sanitaire ?
Nous sommes passés par de nombreuses étapes… Nous avons dû faire et refaire nos plannings une cinquantaine de fois. L’année dernière, dès le premier confinement, nous avons réagit immédiatement en proposant des cours et des vidéos pour continuer de préparer le spectacle de fin d’année. Malheureusement pas de spectacle de fin d’année en 2020, mais nous avons continuer de proposer des cours sur Zoom, pour ne surtout pas perdre le lien avec nos élèves. Nous avons retrouvé nos adhérents début Juin, et c’était le bonheur, après des mois en visio ! Nous avons ensuite démarré la nouvelle saison en Septembre, en pensant naïvement que tout ça était derrière nous, et finalement tout est reparti au bout de deux mois… Depuis Novembre, c’est particulièrement difficile car il y a une grande part d’incompréhension, un sentiment d’injustice… Beaucoup de secteurs d’activités sont maintenus, plus ou moins normalement, et nous nous sentons un peu seuls ! Pour la culture c’est vraiment compliqué. En décembre nous avons pu retrouver nos élèves mineurs, mais dernier coup de massue en février, où nous avons fait les frais d’un règlement de compte entre « sport et culture ». Nous avons encore dû chercher une nouvelle solution : nous avons préféré privilégier les cours en extérieur plutôt qu’en vidéo. Nous nous sommes mobilisés, et aujourd’hui nous sommes capables de proposer des cours tout le week-end, le mercredi après-midi et les soirs de 17 à 18H, grâce au soutien de la ville de Riom.
Moralement, ce n’est pas trop difficile ?
Si, complètement. Forcément il y a des moments de remise en question mais nous avons tout de même la chance d’être toutes les trois avec Christine et Coralie, nous nous soutenons mutuellement. Je pense que c’est bien plus difficile pour ceux qui sont seuls à gérer leur entreprise. Nous entendons parler de tellement d’associations qui sont en train de mourir à petit feu.
Christine : C’est difficile car personne ne nous communique d’informations. Nous sommes obligés d’éplucher les décrets pour comprendre ce que nous avons le droit de faire et de ne pas faire. Même au niveau national, le président de la Fédération n’arrive pas vraiment à avoir d’informations du Ministère de la Culture… C’est très compliqué. Il y a un syndicat de la danse qui s’est créé pendant la crise sanitaire pour pouvoir mener des actions en commun, donc nous allons voir ce que cela va donner, ce n’est pas évident. On a l’impression que la danse est oubliée et que nous ne sommes pas entendus.
Malheureusement votre situation ressemble à celle de beaucoup de clubs et d’associations dans la culture et le sport…
C’est sûr ! Et encore, on ne se considère pas vraiment comme à plaindre. Même s’il fait froid, s’il pleut… nos élèves répondent majoritairement présent, et restent hyper motivés. Cela nous donne la force de continuer de nous battre pour maintenir des cours coûte que côute : nos efforts sont récompensés lorsque nous retrouvons nos élèves. On veut leur donner beaucoup et ils nous le rendent bien. On reçoit beaucoup d’énergie.
Christine : C’est important pour tout le monde, que ce soit les enfants, ou les adultes, ils ont tous besoin de danser, de faire du sport, d’avoir leurs activités artistiques, pour leur équilibre c’est primordial. Les parents sont très reconnaissants pour cela.
Vous avez beaucoup d’enfants dans vos adhérents, comment vivent-ils ce contexte ?
Je crois qu’on ne se rend pas compte de l’impact que la crise a sur les enfants et notamment les plus jeunes. Ils ont vraiment besoin de se défouler, de se changer les idées. Quand nous les avons retrouvés en présentiel, on a mis du temps à les remettre en confiance, ils étaient devenus très renfermés et introvertis …
Est-ce que votre gala va pouvoir se tenir cette année ? Quel sera le thème ?
On est peut-être naïves mais on y croit encore (rires). La date du 19 Juin est réservée à la Maison de la Culture de Clermont-Ferrand. C’est vraiment un aboutissement pour les enfants donc nous ferons tout ce qu’on peut pour le maintenir. Et pour le thème, cette année ce sera « Il était une fois » : un petit mix de plusieurs Disney avec des danseurs âgés de 3 à 15 ans. On réfléchit encore à ce que nous allons pouvoir proposer à nos adultes.
Vous avez aussi une troupe, Visa Danse, cela représente combien de danseurs ?
Aujourd’hui il y a à peu près 40 danseurs à partir de 10 ans, tous âges confondus. On les prépare à la scène, aux concours, notamment en groupe, et s’ils le désirent, en solo. Il y a aussi des chorégraphies imposées pour les plus jeunes. Les concours sont de bonnes expériences. En tant que Présidente de la Fédération Régionale, Christine s’est vraiment investie pour que le concours régional de l’année dernière soit maintenu, et elle se bat à nouveau pour celui de cette année. La scène est très importante pour les danseurs. C’est la récompense du travail en studio, et ils sont en manque de cela !
Que peut-on vous souhaiter ?
De retrouver nos salles, car l’extérieur c’est super, mais nos locaux nous manquent ! Et retrouver la scène aussi… Ce sont des moments hors du temps, et des souvenirs gravés à jamais pour les élèves !
Par Laurine Garcia.