L’ancien entraîneur du Clermont Foot revient sur ses années au SC Gannat. Il y a 40 ans, la bande à Thierry Coutard accédait à la 4e division du championnat de France avec le SC Gannat. Même si le club n’y est resté qu’une seule saison, l’effervescence qui régnait autour de cette génération de joueurs était unique. Aujourd’hui, on en parle encore, tellement ce club a su marquer les cœurs et les esprits.
Thierry, tu arrives en quelle année à Gannat ?
Je suis arrivé en 1980 et j’y suis resté 9 ans. J’avais joué dans ce club quand j’étais jeune avant de partir par la suite au Paris-Saint-Germain, puis à l’EDSM Montluçon. Au cours d’une discussion lors d’un moment à Gannat, les dirigeants de l’époque me demandent si cela m’intéresserait de venir entraîner le club. Quelques mois plus tard, ils me font une proposition avec un travail comme directeur des sports à la ville. J’avais 26 ans à l’époque et il me semblait opportun de boucler la boucle. J’ai donc tenté l’aventure.
Qu’as-tu apporté à ce club dès ton arrivée ?
Déjà, il faut signaler que ce club tournait avec 5 équipes seniors, c’est dire le nombre de licenciés qu’il y avait. L’équipe 1 vient de monter en promotion d’honneur. Mon rôle est de structurer un peu tout cela au niveau des entraînements, des préparations de match, de l’école de football que j’ai fait évoluer avec Jacky Weiss. J’ai eu la chance de pouvoir m’appuyer sur une superbe génération de joueurs (les frères Brun, Hélary, Bazin, Houbre, Délic, Nectoux, Quintard, Paget, Girard, Nemeth, Bellemain, pour ne citer qu’eux). Là où j’ai marqué les esprits, c’est lorsque j’ai dit à la reprise en août qu’on allait s’entraîner tous les jours. Ils m’ont pris pour un fou ! Mais à l’arrivée, on était en super condition physique et en avance sur nos concurrents. Sur le terrain, j’ai essayé de transmettre ce que j’avais appris au-dessus et de me comporter comme un leader.
« Le club faisait parler de lui »
Vous enchaînez les montées ?
Oui, cela se passe plutôt bien effectivement. Nous montons dès la première année en Division Honneur Régionale, puis l’année d’après en Honneur. Nous restons 2 années en Honneur avant d’accéder à la division 4. Un but d’Yves Laurent nous fait gagner le match de la montée devant une tribune pleine. Car à l’époque, beaucoup de monde venait au stade Maurice Nud pour nous voir jouer. Le club faisait parler de lui. Il y avait également une très belle équipe de dirigeants qui nous aidait au quotidien.
Vous ne restez qu’une seule année en D4. Qu’a-t-il manqué pour pouvoir se maintenir ?
Nous étions le plus petit budget de la poule et nous étions dans une compétition difficile orientée sur la région Parisienne. Nous n’avons pas été ridicules, mais la marche était un peu haute pour nous. Nous n’avions pas non plus assez de réservoirs parmi nos jeunes, et nous n’avions pas les moyens de recruter non plus. Je me souviens que l’on a joué l’équipe C d’Auxerre à Gannat avec Guy Roux dans les tribunes qui supervisait ses jeunes. Mais cela reste une très belle aventure humaine. C’est une des plus belles périodes de ma vie, et avec l’élimination du PSG avec le Clermont Foot, des souvenirs gravés à jamais.
Tu as amené à ce club ton savoir-faire et ton expérience du haut niveau en l’aidant à se développer sur la scène régionale ?
L’année qui a suivi, nous avons failli descendre. On ne s’est pas assez remis en question et la sanction n’est pas passée loin. Cela nous a servis de leçon puisque nous avons évolué plus favorablement par la suite en tutoyant encore les sommets de la division d’honneur avec l’aide de renforts extérieurs. Le club a connu vraiment une période faste durant toutes ces années. Lorsque je suis parti en 1989 pour aller à Guéret, l’équipe fanion était en Honneur (R1), l’équipe 2 en Honneur Régionale (R2), l’équipe 3 en promotion de ligue (D1) et l’équipe 4 en 2e division départementale. Je pense donc que le travail était accompli, mais qu’il était aussi le moment de ne pas faire l’année de trop.
Que reste-t-il de tout cela aujourd’hui ?
Il reste un cercle d’amis très large. Nous nous revoyons régulièrement en évoquant quelques anecdotes et en pensant aussi à ceux qui ne sont plus là, mais qui nous ont accompagnés durant ces belles années. Il faut se souvenir qu’à l’époque les clubs sportifs marchaient très bien à Gannat, et bien d’entre eux ont connu leurs plus belles années. Sportivement, le club de football est aujourd’hui en Départementale 3 et c’est évidemment très triste de le voir évoluer à ce niveau.