Pauline Sauvignet, 23 ans, pratique le Rugby Fauteuil depuis 5-6 ans. Elle est encore étudiante dans une école de design à La Pardieu, l’ESDAC, et en parallèle elle est en alternance chez Michelin. Elle a participé pour la première fois à la Women’s Cup, qui est une compétition internationale. C’est d’ailleurs pour cet événement que l’équipe de France féminine de rugby fauteuil a vu le jour.
Comment trouves-tu le rugby fauteuil ?
C’est un sport qui est très physique, d’ailleurs lorsque l’on s’entraîne avec les hommes, ils ne font pas de quartier ! Je m’entraîne deux fois par semaine à l’ASM, et en parallèle je fais de la musculation. Je n’ai pas beaucoup de temps libre, mais j’essaie de conjuguer du mieux que je peux ma vie professionnelle et ma vie sportive. Les semaines sont bien remplies.
Quels sont tes objectifs ?
En premier, c’est de faire un peu plus ma place sur le terrain. Comme il n’y a pas beaucoup de filles, il y a quelques préjugés. En décembre 2024, nous sommes allées à la Women’s Cup avec Orane Brouillet, pour moi c’était la première fois. D’ailleurs, c’était aussi la première fois pour l’équipe de France qui participait à sa première compétition internationale. Je veux prouver aux garçons que nous pouvons apporter toute notre énergie dans ce sport et faire notre place !
La Women’s Cup consiste en quoi ?
C’est une coupe qui regroupe toutes les filles du monde entier qui jouent au rugby fauteuil. Les Françaises, nous avons terminé 4e du tournoi. Nous avons toutes le même objectif, nous voulons gagner cette coupe ; il y a une belle harmonie entre nous, nous nous encourageons mutuellement. On a senti immédiatement qu’il y avait une très bonne cohésion au sein du tournoi.
Est-ce que des joueurs plus expérimentés comme Adrien Chalmin et Nicolas Valentim donnent des conseils ?
Quand j’ai commencé j’avais 18 ans, et ils m’ont pris sous leurs ailes. Parfois, ils arrêtent même le jeu pour nous expliquer le placement par exemple, c’est très agréable au niveau de la progression. Cette année, nous avons deux nouveaux joueurs , c’est pareil nous les aidons. Il est clair que la bonne communication entre nous est très importante.
Est-ce que tu as suivi le rugby fauteuil aux J.O cet été ?
Oui bien sûr, j’ai vu que les hommes ont fini 5e de la compétition (victoire contre le canada 53-50, pour le match de classement 5e-6e place). Je sais que nos garçons ont été déçus car ils espéraient une médaille. Je suis allée à Paris pour voir la finale, qui opposait le Japon aux USA, c’était vraiment intense car les chocs sont violents, et lorsqu’on est dans les gradins c’est impressionnant. Le Japon l’a emporté (48-41).
Women’s Cup 2024 Compétition internationale de Rugby Fauteuil féminin. ©Laurent_Bagnis @bagnis.pics.
Quel est ton projet professionnel ?
Dans le cadre du design graphique, je dois créer un magazine qui met en avant les femmes dans le Handisport. Mon travail est surtout sur la forme, sur le design que je vais apporter au magazine, un peu moins sur le contenu. Néanmoins, je réalise quelques interviews en demandant à l’intelligence artificielle de me générer des questions afin d’appuyer mes entretiens, étant donné que ce n’est pas mon métier. J’ai interviewé plusieurs athlètes, notamment deux athlètes internationales, une Australienne et une Espagnole, pour avoir leurs visions dans le rugby fauteuil. En parallèle de mon projet d’étude, je suis en alternance chez Michelin dans l’équipe UX / UI design, j’interviens essentiellement sur la partie accessibilité numérique en tant que designeuse. Pour conclure, j’ai co-créé, avec une équipe chez Michelin, un projet, qui se nomme Easy Access, regroupant trois solutions d’aide à la mobilité pour les personnes à mobilité réduite en milieu urbain. Nous avons ainsi développé une carte papier, un site web et une application mobile, visant à mettre en avant les lieux accessibles et à proposer des itinéraires adaptés pour s’y rendre. Je continue à intervenir sur la conception et le design de ces solutions.
Que peut-on te souhaiter dans les années à venir ?
J’aimerais bien que l’équipe de France féminine continue d’exister, que nous ayons le même traitement que les garçons. Pendant la Women’s Cup, nous avons été considérées comme de vraies athlètes, nous avions des tenues équipe de France, il y avait des journalistes, des ostéopathes, etc. De plus, les gens pouvaient regarder les matchs car il y avait un lien pour la retransmission. Avec les filles, nous aimerions faire des stages entre nous, ce serait super sportivement. Cela nous ferait progresser, et c’est tant mieux car la 4e place je ne l’aime pas, être au pied du podium c’est dur, mais au moins on aura une marge de progression.